Entrevue avec LITTLE LOUIS VEGA, la moitié des MAW par LUST

 



 
J'ai pu rencontré à la MWC(MIAMI WINTER CONFERENCE)grâce à David MORALES, un ami qui a pu m'organisé cettre rencontre. J'ai rendez-vous avec le plus grand des DJ's au monde, au MAC DO D'ASNIERES, Little Louis Vega arrive habillé d'une veste noir griffé PRADA et des NIKE aux pieds sans oublier la casquette siglée PLAYBOY que je lui ai envoyé il y a 2 mois. Entre Filets et coca light nous discutons, je le discute, je le discute, je le discute.....
Plus qu'un simple pseudonyme, "Little" Louie Vega est devenu en une dizaine d'années un nom de légende. Associé à Kenny "Dope" Gonzales, son comparse de toujours, Louie et MAW ont écrit les plus belles pages de l'histoire de la house, en créant non seulement des morceaux inoubliables, mais aussi en conférant à leurs ouvrages l'alchimie parfaite entre qualité et profondeur sans pareil. Funambule des platines, magicien des rythmes et des sons, Louie a prouvé que sa petite taille n'empiète en rien sur son talent de géant.


LUST :
Les productions MAW sonnent définitivement plus "latines" qu'auparavant. Est-ce que Nuyorican Soul a changé votre conception de la house?

LITTLE L.VEGA :
Ce n'est pas le cas pour toutes nos productions, mais il est clair que nous avons donné à plusieurs projets cette atmosphère latine comme le     "Pienso En Ti" avec Louis Salinas, par exemple. Mais, lorsque tu écoutes des morceaux comme le Luther Vandross ou le Kenny Latimore, sur lequel nous travaillons actuellement, je qualifierais ce genre de production de "house-R&B". Notre style est très varié, tout dépend du vibe du moment. En ce qui concerne le Nuyorican Soul, nous avons évidemment apporté beaucoup d'instruments live à notre production, mais il arrive aussi que nous nous tenons à des tracks basés sur l'utilisation de samples. L'ambiance latine est donc certainement présente, mais n'oublions pas l'esprit jazz et soul.

L :
Vous vous dirigez donc de plus en plus vers des productions avec des instruments live?

L.L.V :
On s'entend parfaitement avec nos musiciens, surtout avec ceux qui ont collaboré sur l'album de Nuyorican Soul comme Luisito Quintero, qui est un grand percussionniste et qui est également le directeur musical du groupe d'India. En studio, on expérimente beaucoup avec lui, on recherche de nouveaux sons, de nouvelles idées, et je crois que c'est vers cela que nous allons diriger nos efforts. Par exemple, il va te ramener un tambour très répandu en Afrique du Sud, mais que personne n'utilise ici. On l'essaie et l'on utilise sur une de nos plaques. La preuve est le tambour du "Pienso En Ti" au début du morceau. Ce tambour sonne différent parce qu'il provient d'Amérique du Sud.

L:
A quand le prochain Nuyorican Soul ?

L.L.V :
On y travaille en ce moment. On ne sera plus distribué sur Giant Step pour les Etats-Unis. On trouvera un autre label. Une fois que ce problème sera réglé, on pourra se concentrer totalement sur l'album. Le point positif du prochain album est qu'il y aura davantage de morceaux avec India, six au total.
La house a évolué très rapidement au cours de ces deux dernières années. Les sons sont en général devenus plus durs, plus agressifs. Alors que beaucoup d'artistes ont bifurqué surcette "nouvelle" voie, MAW est toujours resté fidèle à son style, à ses racines...
Une grande partie de ces productions hardhouse n'ont pas cette profondeur que je retrouve dans les vocaux ou les morceaux qui comportent de vrais instruments. J'adore écouter des tracks, mais des tracks qui te donnent un certain feeling et la plupart des cuts en hardhouse ne m'offre rien de tout cela. Lorsque tu écoutes tracks après tracks, au bout d'un certain temps, cela devient monotone. Quant à nos productions, tu ne sais jamais à quoi t'attendre d'avance, car on expérimente constamment. Notre musique sortira de toute façon du lot. On peut produire des morceaux comme "Bangin" qui semble plaire au public plus jeune, mais on fera toujours des productions musicales.

L:
Votre façon de produire a-t-elle changé? Je veux parler de ta complicité avec Kenny?

L.L.V :
On passe plus de temps au studio, en fait, cela dépend du projet. Parfois, j'ai le premier une idée et Kenny ajoute par la suite les beats et parfois, c'est l'inverse: c'est lui qui démarre avec les beats et j'y appose la mélodie. Les choses n'ont pas vraiment changé, à part le fait qu'à présent nous dirigeons un label et un studio. Nous devons ainsi partager notre temps entre le business, la production et les tournées dans les clubs. Mais, malgré tout cela, on essaie toujours de se concentrer au maximum sur notre créativité, sur nos projets, comme l'album MAW qui, en ce moment, est notre principale priorité. On doit juste apprendre à gérer notre temps.

L :
Dans une scène house new-yorkaise au bord du gouffre, il ne reste finalement plus que les soirées Subliminal et MAW qui proposent encore de la house de qualité. Est-ce une manière d'affirmer que MAW est là pour sauver en quelque sorte le mouvement à New York?

L.L.V :
Je crois que tu peux le dire. Je me suis définitivement dévoué à cette musique depuis longtemps et lorsqu'il s'agit de la scène new-yorkaise, j'essaie toujours de me trouver un club pour tenir les gens au courant de ce qu'il se passe dans la house. Vinyl est l'un des clubs à New York qui se voue à la house, avec la "Body&Soul" le dimanche et Timmy Regisford le samedi. Avec Joe Claussell de Dance Tracks, on a démarré de nouvelles soirées, "Dance Ritual", dont la première aura lieu le 6 septembre. J'estime avoir besoin d'une personne qui s'occupe de tout lorsque je suis absent et je pense que Joe est la personne adéquate. J'aimerais restaurer ma résidence du Sound Factory Bar du mercredi, alors "Dance Ritual" me donnera peut-être l'occasion de le réaliser. On a l'intention de devenir une référence ici et c'est à cela qu'on s'attelle maintenant. A part les soirées Subliminal une fois par mois et nos propres soirées de temps à autre, il ne te reste plus rien. Cela ne tient qu'à nous de changer tout cela. Si la club scene est sur le déclin, c'est parce que nous n'avons pas mis assez du nôtre pour faire en sorte de la sauver.

L:
Tu as travaillé pour les plus grands artistes pop, tels que Neneh Cherry, Michael et Janet Jackson, Lisa Stansfield, Madonna, etc... Quelle est l'opinion de ces artistes sur vos remixes de leurs propres productions? Comment la house est-elle perçue?

L.L.V:

De toute évidence, ils sont très intéressés. En fait, cela dépend beaucoup de chaque artiste. Parfois, l'artiste lui-même nous appelle ou alors il demande à son agent de le faire, et parfois c'est le label qui prend contact avec nous. Dans le cas de Janet Jackson, elle voulait que l'on fasse un remix pour elle. Elle a même mentionné lors d'une interview sur MTV qu'elle avait été très inspirée par l'album Nuyorican Soul, un de ses disques préférés était le "Runaway". Cela montre qu'elle était au courant de ce que nous faisions et qu'elle voulait travailler avec nous. Luther Vandross nous a également contactés, car on s'était rencontré en studio avec BeBe Winans pour "Thank You". Il chantait et arrangeait les vocaux en background. Tu ne sais jamais qui tu vas rencontrer et comment. Mais, jusqu'à maintenant, on a reçu dans l'ensemble de bonnes réponses.

L :
Est-il arrivé que votre version ait plus de succès que l'original lui-même, comme cela a été le cas pour "Everything But The Girl" de Todd Terry ou "Professional Widow" d'Armand?


L.L.V :
Je ne crois pas, non, excepté dans les clubs. Peut-être la version downtempo de "Thank You" qui a beaucoup passé à la radio. Par contre, beaucoup de monde a utilisé nos beats sur ces grands succès. Todd Terry a samplé les beats de "Love & Happiness" sur "Missing" d'"Everything But The Girl" et Erick Morillo ceux de Trey Lorenz "Photograph Of Mary" pour "I Like To Move It".

 

L :
Avec le temps, vous êtes devenus plus sélectifs quant aux choix des remixes. Qu'est-ce qui motive votre décision?

L.L.V :
Plusieurs facteurs. Il peut s'agir d'un hook, d'un refrain, ou alors j'aime le chanteur, ... Et, si on pense qu'on peut en faire une bonne Production pour le club, alors on s'investit à fond

L:
On remarque que vous avez un peu freiné l'allure de vos productions, en tout cas en ce qui concerne les remixes. Est-ce pour se concentrer sur une qualité optimale du vinyle et ainsi d'en faire un mini-événement?

L.L.V :On sort moins de morceaux pour la simple raison que nous sommes, soit en train d'écrire pour un artiste, soit en train de faire un album. Cela dépend de la quantité des projets que nous recevons et ce que nous faisons d'autre au même moment, comme la production pour notre label, par exemple. A présent, nous sommes plus diversifiés. Auparavant, on achevait d'être un musicien et je pense que tu peux modifier un morceau suivant la façon dont tu le remixes sur remixes, alors que maintenant, on produit et écrit pour des artistes et pour MAW Records.

L :
Tu ne travailles exclusivement plus qu'avec Kenny. Est-ce que tu as encore des projets en solo?

L.L.V :
Je l'ai fait auparavant avec Hardrive, River Ocean et Barbara Tucker. Si je fais quoique ce soit maintenant, je le sors sur mon label sous le nom de MAW. Je ne suis pas encore sûr de ce que je veux faire, donc, depuis Hardrive et les autres, je n'ai plus fait de production sans Kenny.

L :
MAW Records s'est récemment séparé de Strictly Rhythm qui s'occupait de la distribution...

L.L.V:
C'est personnel, tu sais. Il arrive parfois que les choses ne marchent pas comme elles le devraient. Tu dois être fort et poursuivre... On va donc s'en occuper nous-mêmes, ce qui évidemment représente davantage de travail, mais au moins on est content maintenant.

L :

Une plaque que tu retiendrais tout particulièrement sur MAW?

L.L.V :
Ahhh je ne sais pas.... peut-être "Lood", "What A Sensation"... J'aime beaucoup "The Bounce" aussi. Je ne les transporte pas toujours dans mes flightcases. Je les "interchange" parce que je déteste jouer les mêmes plaques tout le temps. A chaque fois que je vais jouer dans un club, je passe à peu près quatre heures de temps dans mes caisses pour choisir les disques que je vais mixer.

L:
"Little" Louie Vega représente cet extraordinaire DJ qui jongle avec trois platines avec une aisance redoutable. Mais tout cela cache-t-il un rude entraînement ou est-ce juste de la pure improvisation?

L.L.V :

De la pure impro. Je joue en fonction du feeling que j'ai avec les gens et c'est cela qui m'inspire pour ma sélection des morceaux. Comme je viens de le dire, je passe énormément de temps à choisir mes disques à l'avance, en passant en revue mes vieux vinyles, les classiques, des sound effects... J'essaie que mon set soit toujours intéressant. Derrière les platines, j'ai l'impression mixes.

L :
Après les productions et remixes qui sont devenus des classiques du genre, l'énorme succès de Nuyorican Soul, un label dont la renommée n'est plus à faire, que te reste-t-il donc à accomplir?

L.L.V :
On veut faire encore beaucoup de disques Nuyorican Soul, plus d'albums, dont celui des MAW, et surtout beaucoup de productions de qualité sur le label qui est très important pour moi. Le label est ce qui me garde sur la voie, parce que j'apprécie tout particulièrement sortir un morceau qui nous plaît et quand cela nous plaît. Je fais ainsi confiance à mes instincts, et quelle personne est mieux placée pour le faire qu'un DJ qui tourne dans le monde entier et qui est au courant des tendances du moment? Si je sens que j'ai dans les mains une production qui va éclater, je la sors. Et 9 fois sur 10, ça a marché. Je fais confiance à Kenny et vice versa. On projette cet autre album avec des "background singers", dont Kenny Bobien, Lisa Fisher ou Jocelyn Brown. On a encore le "MAW US All Star Album", un autre album en gestation avec des artistes comme Todd Terry, David Morales, Mood II Swing, Roy Davis Jr., puis viendra le "MAW International Album" qui fera honneur à des artistes du monde entier et particulièrement d'Europe.

L :
Votre prochain set à PARIS

L.L.V :
Je vais mixer à la CHEERS au mois de mai

L : MERCI LITTLE et à bientôt

L.L.V : Merci à vous ,j'ai été ravi de rencontrer LUST

©2002 LUST PRODUCTIONS