Little Louis VEGA

 le meilleur DJ du Monde

 

Les débuts de Vega tournent autour d'une série d'événements et de rencontres qui l'entraînent à assumer un rôle de véritable alchimiste musical. Né en juin 1965, ce gamin du Bronx grandit dans un environnement où la musique latine est aussi commune que le bon vieux pain. Pour Luis Vega Senior, son père (portoricain, musicien de Jazz et de Latino accompli) et son oncle (Hector LaVoe, chanteur du légendaire ensemble salsa the Fania All Stars) sont une source constante d'inspiration. "Fania était au sommet", se rappelle Vega, "et mon oncle était au meilleur de sa forme dans les années 70 et début 80".

Le son de New Yorkais underground commence à faire dresser les oreilles de Vega grâce à ses deux soeurs aînées, Myrna et Edna. Habituées des soirées Loft de David Mancuso, ainsi que de celles de "The Gallery" et du "Paradise Garage". "C'étaient des grandes party girls", raconte -t-il, "elles aimaient les soirées et m'ont fait connaître la musique des clubs dont les enregistrements pirates ont joué un rôle important dans ma carrière. Elles revenaient avec des cassettes. Je me suis mis à les écouter et je me disais, Waou ! Cette musique est géniale !".The Loft, the Gallery et the Paradise Garage se sont révélés au grand jour vers le milieu des années 70. "Je voyais mes soeurs qui sortaient toute la nuit, cela rendait ma mère folle" se souvient Vega. "J'accompagnais mes amis pour les déposer et pour sentir l'excitation qui régnait devant les clubs. Ils m'emmenaient volontiers, car ils savaient que j'adorais la musique, mais j'étais trop petit pour mon âge. Probablement l'origine de mon préfixe Little" (désormais collé au nom de Louie Vega).

 

Cherchant une alternative, Vega fréquente les roller-disco de son quartier en 1979. "C'est à ce moment -là, que j'entends pour la première fois "Good Times". J'étais un accro du roller skate et cela m'a donné le goût pour le R&B". Parallèlement il s'immerge dans la culture hip hop locale. "Je vivais à Stradford Avenue et les projets du Bronx River naissaient dans le block d'à côté. C'est là que Africa Bambaata, Jazzy et Red Alert répétaient. J'adorais le hip hop", raconte Vega. "Au début des années 80, j'ai commencé à fréquenter the Funhouse, où je voyais Madonna se faire peloter par Jellybean pendant que les DJ juxtaposaient Freeez, Rocker's Revenge et the Soul Sonic Force".

A cette époque, aucun des palais de la musique ne se mesurait au club caverneux de Michael Brody à King Street. "Mes soeurs m'emmenèrent pour la première fois au Paradise Garage , j'étais complètement époustouflé. Je regardais, hébété, Larry se déchaîner (ce gars n'avait aucune limite). J'adorais Larry parce qu'il n'avait pas peur de mélanger les genres. Il jouait un morceau très groove et puis sans qu'on s'en aperçoive, on dansait sur Love is a Battlefield de Pat Benatar ou If You Love Somebody Set Them Free de Sting. Larry est pour moi une référence." Vega affûte son style "flavours" auprès de l'écossais Raul Socia avant de collaborer avec le DJ / promoteur John Riviera. Il organise avec lui une série de soirées locales pour plus de 700 personnes. "On utilisait le salon de coiffure de Myrna pour distribuer des tracts et vendre des tickets", raconte Vega. "Mes soeurs y ramenaient toujours leurs copains, c'est comme ça que j'ai commencé à mixer des morceaux que les jeunes aimaient avec de la musique que les habitués (plus âgés) du Garage voulaient."

En 1984 Vega commence sa première aventure régulière dans un club : Chez Sensual sur Zerega Avenue dans le Bronx. En avril de la même année il se fait embaucher dans un plus grand club du moment, le Devil's Nest. "C'était bondé dès l'ouverture car je commençais à avoir un public" se souvient-il. "Je mélangeais les genres. Je jouais du freestyle, du hip hop et du garage. Parfois même du rock genre U2 pride et les Smiths How Soon Is Now ? Dès que j'ai commencé à jouer au Heartthrob il y la queue faisait le tour du pâté de maison." "Je me suis mis plus à la house à Heartthrob", avoue Vega. "On engageait Larry Heard, Robert Owens, Marshall Jefferson and Liz Torres pour jouer. J'étais renommé pour le freestyle, mais quand la house est arrivé j'ai adoré."

Vega voit ce nouveau son comme une continuation de la musique qui l'a vu grandir. "C'était comme des classics avec des tempos plus durs. C'était plus brut et plus répétitif mais avec du feeling et des mots qui voulaient dire quelque chose." Adorant la house, il ne s'est jamais laissé piégé par l'uniformité de ce genre "Je mixais des disques house et puis tout d'un coup, je cassais le rythme avec autre chose, selon l'ambiance je demandais "Comment vous sentez-vous ? Etes -vous prêts ?" et hop je leur jouais un nouveau truc." Une sirène futuriste pompée sur un album allemand d'effets devient la signature sonore de Vega dans les soirées. "Sur les morceaux au beat plus fort, je mixais la sirène par-dessus. La foule devenait hystérique. C'est devenu ma marque de fabrique. Beaucoup de Dj's sont venus me demander le son de cette sirène.

" C'est dans cet environnement, excitant qu'un jeune apprenti producteur mets une de ses cassettes sous le nez de Vega. "Ce gars arrive sur mes platines et me dit : je suis Todd Terry. Je veux juste te donner ça". La soirée terminée, Vega se met à écouter le morceau qui allait faire de Terry le producer house le plus branché de New York. "Je me suis dit WAOU ! c'est puissant !" : Party People (rencontre entre d'un hip hop tranchant et de l'esthétique du son house de Chicago). Vega se procure tout de suite une master copie de ce morceau). "Il y a eu une réaction instantanée sur la piste", se souvient-il. "J'ai joué Party People environ six mois avant sa sortie officielle, j'ai fait découvrir ce son." "Running" de Information Society est un autre incontournable, et lorsque Tommy Boy, (le producteur) et Joey Gardner entendent le morceau joué par Vega, il lui demande d'en faire un remixe. Un projet freestyle qui verra le jour aux côtés de Jellybean. "J'ai commencé à travailler avec Eddie Rivera et c'est là que j'ai rencontré Jellybean", se souvient-il. "J'ai passé beaucoup de temps dans les studios où il me laissait éditer des morceaux. Pour "Running", je savais ce dont j'avais envie, je ne voulais pas faire d'overdubs. Je voulais remixer, remettre en valeur ou accentuer ce qui était déjà là."

A cette période, Leslie Doyle de A&M présente Vega au Club black et gay (Better Days) où son petit ami hétéro (Bruce Forest) faisait un mix du tonnerre. "Il était trop ce mec !" dit Vega. "Au bout d'un moment Bruce me prit sous sa tutelle". Puis, mixmaster de Better Days ainsi que le DJ de Kiss FM et Salsoul remixeur Shep Pettibone le prirent pour travailler dans leur nouveau club, Hearthrob, qu'ils ouvrent avec l'aide du propriétaire de Better Days (Dave Fisher), à l'endroit du défunt Funhouse. "On avait engagé Junior Vasquez pour jouer", dis Forest. "Il ne faisait que des house dubs et les gens détestaient. The Funhouse était le top palace du latino hip hop des années 80 et les gens voulaient toujours du latin. J'ai viré Junior. C'était un copain et ça n'a pas été drôle." "J'avais entendu parler d'un jeune Latino au Devil's Nest and, je suis allé l'écouter", raconte Forest. "Ce mec, il assurait ! il fallait l'engager ! Il était super compétent. Il était inventif. Il jouait pour la foule et non pour lui-même. Il était super." Vega jouait au Hearthrob le vendredi et au Devil's Nest le samedi, le succès aidant, il se fait vite inviter à jouer ces deux soirées au nouveau club. "Mon public du Bronx mourrait d'envie que j'aille à Manhattan."

En 1986 l'omniprésent Jellybean présente Levans à Vega. "Je restais à côté de lui et le regardais jouer avec la foule. Il me considérait sans doute comme un gamin. Larry me demanda si je voulais faire une guest apparition," se souvient Vega, qui se retrouve propulsé au firmament des géants parmi lesquels figurent David Depino, François Kevorkian, Danny Krivit, Joey Llanos, David Morales, Larry Petterson, Victor Rosado et Tee Scott. "Il me demanda au Garage, je n'en croyais pas mes oreilles." "Vers la fin de cette année, Hearthrob ferma ses portes pour réouvrir sous le nom Studio 54 avec un propriétaire agressif et une clientèle plus jeune," explique Vega, qui se trouve immédiatement embauché pour jouer au fameux West Fifty-fourth Street club. "Mes habitués du Hearthrob m'ont suivis. Je jouais du freestyle, de la hip hop, du reggae, des classiques et encore et toujours de la house. Le vendredi soir, on avait 2500 personnes et le samedi 4000." Levan s'occupait des jeudi soir. "Larry avait besoin d'une niche. Il jouait par-ci par-là. Sa soirée au Studio était bondée. Le public du Garage venait lui apporter son soutien."